Une Race un Spécialiste : 12. Le Sacré de Birmanie vu par la Neurologue

Le sacré de Birmanie (ou Birman), est un chat d’origine française, probablement issu du croisement entre un persan et un siamois au début du 20ème siècle. Il s’agit d’un chat très affectueux, surtout vers son maitre, mais aussi avec ses congénères. Sa fourrure, qui ne s’emmêle pas, le rend idéal pour les propriétaires qui disposent peu de temps à consacrer à l’entretien du poil.

Deux affections neurologiques, au pronostic très diffèrent, sont rapportées chez les birmans : la polyneuropathie aigue idiopathique et la péritonite infectieuse féline (PIF).

 

Polyneuropathie aigue idiopathique

La polyneuropathie aigue idiopathique est une maladie auto-immune qui peut être assimilée à la maladie de Guillain-Barré chez l’homme. Une réaction immunitaire dirigée contre des composantes des nerfs périphériques, serait à l’origine de cette maladie. Toutefois, les facteurs déclenchants de la maladie ne sont pas identifiés à ce jour.

Des chats de toutes races peuvent être atteints, mais une prédisposition raciale est reconnue pour les ‘chats de type-B’ : British shorthair, Bengal, Birman. La polyneuropathie aiguë idiopathique touche très fréquemment des jeunes animaux : une étude récente réalisée par l’équipe de K. Matiasek rapporte un âge moyen de 1,7 ans (de 0,4 à 9 ans).

La présentation clinique inclut : faiblesse locomotrice, port de tête bas, déficits posturaux et hyporéflexie médullaire signant un MNP, atteintes de certains nerfs crâniens (parésie faciale, modification de la voix, dysphagie). Généralement il n’y a aucune douleur associée à cette maladie, mais une hyperesthésie peut parfois être observée.

Sans titre

L’examen permettant de confirmer une atteinte neuromusculaire est l’examen électrodiagnostique, révélant une atteinte de l’axone, de la gaine de myéline, ou des deux. Le diagnostic de certitude s’appuie sur l’examen histologique de nerf révélant une névrite lympho-histiocytaire.

Le traitement repose sur l’administration de corticoïdes à doses immunosuppressive et plusieurs protocoles sont décrits. De nombreux cas de rémission spontanée sont rapportées. Dernièrement, l’intérêt du traitement à la L-carnitine a vu le jour en médecine humaine pour améliorer le fonctionnement neuronal lors de neuropathie diabétique ou induite par une chimiothérapie.

Péritonite infectieuse féline (PIF)

La PIF est une maladie virale fatale provoquée par un biotype virulent du coronavirus félin (FCoV) qui se réplique dans les macrophages.

Les chatons et les jeunes adultes, ainsi que les chats âgés de plus de 10 ans sont à risque de développer cette maladie. Les chats de race, notamment le Abyssins, les Burmeses, les Bengales, les Rex Devon et les Sacrés de Birmanie sont prédisposés.

Les signes cliniques sont souvent non spécifiques (perte de poids, fièvre, épanchements, signes oculaires). Environ 10% des animaux développent des signes nerveux, provoqués par une méningo-encéphalite/myélite pyogranulomateuse. Les chats souffrant de la forme nerveuse présentent fréquemment une ataxie, un nystagmus, une hyperesthésie et des déficits des nerfs crâniens.

La confirmation de la PIF sur les formes nerveuses (PIF sèche) est délicate. Les recherches réalisées dans le sang sont à proscrire en raison de leurs limites : selon les différentes études, entre 20 et 100% des chats sont séropositifs pour le FCoV dans le sang, mais seulement 5-10% de ces animaux vont développer la PIF. L’analyse de liquide cérébrospinal (LCS) met en évidence très fréquemment des modifications marquées: une pléocytose neutrophilique et une augmentation des protéines totales. Une mise en évidence directe (RT-PCR) ou indirecte (sérologie) du virus dans le LCS est le test le plus fiable pour diagnostiquer une PIF sèche. L’imagerie (notamment l’IRM) peut également apporter des éléments en faveur d’une inflammation du système nerveux central.

Le pronostic de cette maladie est dramatique. Aucun traitement efficace existe actuellement. L’utilisation de corticoïdes à des doses anti-inflammatoires peut ralentir l’évolution, mais généralement une dégradation clinique est rapidement observée et motive l’interruption des soins.

LCS

Examen cytologique du LCS d’un chaton atteint de la PIF : une pléocytose marquée, neutrophilique est noté. Coloration RAL555 (©ADVETIA)

Par le Dr Kirsten GNIRS, Dip.ECVN, spécialiste en neurologie

Pour en savoir plus :

  • Bensfield AC, Evans J, Pesayco JP, Mizisin AP, Shelton GD. Recurrent demyelination and remyelination in 37 young Bengal cats with Polyneuropathy. J Vet Intern Med. 2011;25:882-9.
  • Gross S, Fischer A, Rosati M, Matiasek L, Corlazzoli D, Cappello R et al. Nodo-paranodopathy, internodopathy and cleftopathy: Target-based reclassification of Guillain–Barré-like immune-mediated polyradiculoneuropathies in dogs and cats. Neuromuscul Disord. 2016;26:825-36.
  • Boettcher IC et coll (2007). Use of anti-coronavirus antibody testing of cerebrospinal fluid for diagnosis of feline infectious peritonitis involving the central nervous system in cats. J Am Vet Med Assoc 230(2) : 199-205.
  • Doenges SJ et coll (2015). Detection of feline coronavirus in cerebrospinal fluid for diagnosis of feline infectious peritonitis in cats with and without neurological signs. J Fel Med Surg 18(2) : 104-109.

 

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