Une Race, un Spécialiste : 13. Le Cavalier King Charles vu par le Stomatologue

Le cavalier King Charles est bien un chien royal, le favori de Charles II d’Angleterre (XVIIe) d’où son nom. De nombreux CKC ont été des compagnons fidèles de nobles de la cour, comme Marie Stuart, reine d’Ecosse, emprisonnée avec son chien ou la Duchesse Sarah qui baptisa les CKC blanc et roux, Blenheim, en l’hommage à la victoire de la bataille de Blenheim par son mari, le Duc de Malborough. Son caractère doux et tranquille fait oublier ses ancêtres chasseurs. Il est fidèle et enjoué avec ses maîtres.

Cette race est connue pour les fréquentes affections cardiaques et neurologiques, mais elle est aussi rencontrée en consultation de stomatologie.

Les cavaliers King Charles qui présentent des signes de dysphagie, de toux ou d’anorexie doivent bénéficier d’un examen minutieux de la cavité orale : une stomatite eosinophilique peut être la cause.

Stomatite éosinophilique

Cliniquement, des ulcérations muqueuses sont visibles en portion caudale du palais parfois s’étendant jusqu’aux amygdales.1 Des plaques ulcérées en relief sont fréquemment observables sur le palais mou, elles peuvent être symétriques ou non.2

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Lésions bilatérales ulcérées en relief sur le palais mou

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Lésions asymétriques palatines s’étendant caudalement, noter ici la présence d’une maladie parodontale avancée devant faire l’objet d’un traitement chirurgical.

Dans les cas très avancés, une communication oronasale peut être présente.3 En raison de la douleur à l’ouverture de la cavité orale, il est préférable d’examiner sous sédation le patient, ce qui permettra aussi d’observer l’entrée de l’oropharynx. Une description de deux CKC atteints de stomatite éosinophilique a montré une atteinte systémique (bronchique et digestive) concomitante,4 une prise en charge multidisciplinaire peut alors être nécessaire.

Chez le CKC, l’étiologie de ces lésions est encore inconnue, mais la prédisposition familiale est certaine.

La confirmation du diagnostic est histologique. Une biopsie incisionnelle est préférée à la ponction à l’aiguille fine en raison de la grande friabilité des tissus atteints et de la grande contamination sanguine. Attention cependant lors de biopsies au niveau du palais mou de ne pas induire une communication oronasale.

Histologiquement, on observe une inflammation granulomateuse et eosinophilique, comme chez le chat atteint du complexe granulome éosinophilique.

La régression lésionnelle est parfois spontanée. Néanmoins, un traitement à base de corticoïdes en cherchant la dose minimum effective peut améliorer certains chiens et en cas d’échec une chirurgie d’exérèse des lésions peut être proposée.

Compte tenu de la grande variabilité des réponses aux traitements, le pronostic reste réservé.

Par le Dr Isabelle DRUET, résidente EVDC
  1. Bredal, W. P., Gunnes, G., Vollset, I., Ulstein, T. L. Oral eosinophyllic granuloma in three Cavalier King Charles Spaniels. J. Small Anim. Pract., 1996, 37, 499–504.
  2. Joffe, D., Allen, A. Ulcerative eosinophilic stomatitis in three Cavalier King Charles spaniels. J. Am. Anim. Hosp. Assoc., 1995, 31, 34–37.
  3. Woodward, T. M. Greater Palatine Island Axial Pattern Flap for Repair of Oronasal Fistula Related to Eosinophilic Granuloma. J. Vet. Dent., 2006, 23, 161–166.
  4. German, A. J., Holden, D. J., Hall, E. J., Day, M. J. Eosinophilic diseases in two Cavalier King Charles spaniels. J. Small Anim. Pract., 2002, 43, 533–538.

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