La triade féline correspond à l’association d’une maladie digestive (maladie inflammatoire chronique de l’intestin ou MICI ou lymphome intestinal), une maladie du foie (cholangiohépatite) et une maladie du pancréas. Ce phénomène est dû à l’anatomie particulière des chats. En effet, dans cette espèce, le conduit des voies biliaires et le conduit pancréatique rejoignent le duodénum par la même « papille duodénale majeure». Les symptômes cliniques peuvent donc être très variables d’un chat à un autre et le traitement doit être adapté aux organes atteints.

1. Atteinte du tube digestif : MICI versus lymphome intestinal

Les parois de l’intestin sont normalement très délicates. Il existe une couche musculaire responsable du mouvement et du mélange des enzymes digestives et des nutriments, ainsi qu’une membrane responsable de l’absorption des nutriments.
Il existe deux maladies courantes impliquant le tube digestif des chats: le lymphome intestinal et la maladie inflammatoire de l’intestin (MICI). Les deux maladies impliquent des lymphocytes infiltrant les anses intestinales perturbant alors le mouvement et l’absorption des nutriments, entraînant une perte de poids, une perte d’appétit, des douleurs digestives, de la diarrhée chronique, des vomissements chroniques ou toute combinaison de ces signes cliniques.
Dans le cas des MICI, les lymphocytes infiltrants sont des lymphocytes actifs réagissant de manière inappropriée à un déclencheur immunologique (tel qu’un aliment ou des molécules produites par les bactéries du tube digestif).
Dans le lymphome, ce sont des lymphocytes cancéreux malins. Néanmoins, il existe plusieurs grades de lymphomes intestinaux : le lymphome de bas grade avec un pronostique plutôt bon et le lymphome de haut grade de plus mauvais pronostique.
Des biopsies intestinales sont nécessaires afin de différencier ces 2 maladies. L’endoscopie digestive est le test le plus souvent utilisé pour obtenir ces biopsies. L’endoscope est un long tube contenant une caméra et permettant de visualiser l’intérieur du tube digestif et d’obtenir des biopsies de l’estomac, le début de l’intestin grêle, de la fin de l’intestin grêle et du colon. En général, l’animal peut sortir le jour même après une endoscopie. Les risques associés à cette procédure sont faibles, néanmoins des cas de perforation digestive sont rarement observés.
Malheureusement, nous ne parvenons pas à diagnostiquer tous les cas de lymphomes par cette technique (surtout dans les cas où la maladie touche principalement la partie externe des anses intestinales ou des anses intestinales non accessibles par l’endoscope). Dans ces cas, des biopsies chirurgicales de pleine épaisseur sont plus intéressantes. La procédure est plus invasive (celui correspond à peu près à une chirurgie de stérilisation chez le chat femelle) et il existe un risque de déhiscence au niveau du site chirurgical.
En plus des biopsies, une mesure des vitamines d’absorption B 9 (ou folates) et B 12 est souvent réalisée car une malabsorption de ces vitamines suggèrent que la maladie digestive est plus sévère. De plus, une supplémentation de ces vitamines sera indiquée en cas de malabsorption.
La MICI se traite avec un changement alimentaire (régime hypoallergénique ou régime d’éviction STRICT), des corticoïdes à dose dégressive +/- chlorambucil dans les cas les plus sévères. Le lymphome de bas grade quant à lui se traite avec des corticoïdes et du chlorambucil (un agent de
chimiothérapie orale donné à la maison) à vie. Le lymphome de haut grade de plus mauvais pronostic se traite avec un protocole intensif de chimiothérapie.

2. Atteinte du foie : cholangiohépatite neutrophilique (ou suppurée, d’origine bactérienne) ou cholangiohépatite lympho-plasmocytaire

Le mot « cholangite » signifie qu’il y a une inflammation des canaux biliaires et le mot «hépatite» une inflammation du parenchyme du foie.
Les chats souffrants de cholangiohépatite sont souvent léthargiques, mangent moins ou plus du tout, ont des troubles digestifs tels que des vomissements, diarrhées et une perte de poids. Lors de l’examen clinique, nous pouvons observer de la déshydratation, un ictère (muqueuses jaunes), une salivation excessive et une douleur abdominale à la palpation.
L’échographie peut révéler un épaississement et une irrégularité de la paroi de la vésicule biliaire, une dilatation des conduits biliaires qui sont plus tortueux, des anomalies du parenchyme hépatique et parfois des calculs biliaires. La ponction de foie et de la bile pour cytologie et culture est souvent intéressante afin de diagnostiquer la cause de la maladie hépatique (et donc différencier cette maladie hépatique d’autres maladies hépatiques) et d’orienter le traitement antibiotique en fonction des résultats de la culture. Des risques faibles de saignements ou péritonite biliaires existent néanmoins avec cette procédure.
Le bilan sanguin montre souvent une augmentation des enzymes hépatiques, de la bilirubine (un pigment jaune) et des signes d’inflammation.
Dans certains cas de cholangiohépatite, le diagnostique ne se fera que grâce à des biopsies hépatiques.
La cholangiohépatite neutrophilique/bactérienne/ suppurée est traitée grâce à des antibiotiques +/- cholérétiques et anti-oxydants hépatiques

3. Pancréatite

Lorsque le pancréas est enflammé, les enzymes normalement gardées dans le pancréas s’échappent, deviennent activées de manière inappropriée et commencent à digérer le pancréas lui-même. Le tissu vivant s’enflamme davantage et les lésions tissulaires touchent rapidement le foie et anses intestinales adjacents. Les toxines libérées par cette destruction tissulaire sont libérées dans la circulation et peuvent provoquer une réaction inflammatoire à l’échelle du corps. Un diabète sucré peut en résulter si le pancréas est suffisamment touché pour perturber sa capacité à produire de l’insuline. Cela peut être temporaire ou permanent.
La gravité de la pancréatite chez le chat est très variable. Certains chats ne présentent que de faibles symptômes cliniques avec une chute transitoire de l’appétit et de l’énergie et d’autres chats deviennent très malades et ont besoin d’une hospitalisation en urgences. Le diagnostique se fait grâce à la combinaison de 2 tests : une lipase pancréatique spécifique sanguine et une échographie abdominale
Il n’existe pas de traitement spécifique pour la pancréatite, uniquement des traitements palliatifs (anti-douleur, anti-vomitifs, perfusion intraveineuse, …)

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