L’arthrose est une maladie dégénérative et progressive, caractérisée par l’altération du cartilage articulaire et un remodelage osseux. Lors de la destruction du cartilage, des médiateurs inflammatoires et des enzymes sont libérés. L’inflammation est alors responsable de la douleur et entretient le cercle vicieux de l’arthrose en restreignant la mobilité et en favorisant la fonte musculaire et la prise de poids. L’arthrose est la première cause de douleur chronique chez le chien (et peut être aussi chez le chat). Lorsque la douleur persiste, elle intéresse le tissu nerveux et devient donc neuropathique, ce qui complique la prise en charge. Celle-ci doit donc être multimodale (plusieurs médicaments) et adaptée à chaque patient.

Programme de perte de poids et soutien nutritionnel

L’excédent pondéral est à la fois un facteur favorisant et une conséquence du syndrome arthrosique. Près de 40% des chiens obèses souffrent d’une affection articulaire concomitante. L’obésité peut aggraver la dégradation du cartilage et donc la douleur. Un programme de perte de poids adapté permet de diminuer l’intensité de la boiterie et de la douleur dès 6 % de perte de poids. Les effets sur la qualité de vie sont ainsi perçus très précocement.

Une baisse du recours aux antidouleurs peut être mesurée dès 3 semaines.

Arthrose et antalgiques

Les anti-inflammatoires sont classiquement utilisés pour contrôler la douleur en cas d’arthrose. De nouvelles spécialités sont apparues récemment comme les AINS sélectifs anti-Cox2 ou les piprants, la cible de ces derniers étant les récepteurs et non les médiateurs des prostaglandines. Les effets secondaires liés à leur utilisation est donc en principe plus faible. Afin de contrôler l’hyperalgie et la douleur neuropathique, des antagonistes des récepteurs NMDA peuvent être prescrits. L’usage de la kétamine, psychotrope dissociatif, reste incontournable, notamment pour initier le traitement de l’arthrose. Son classement parmi les stupéfiants et sa formulation injectable limitent son utilisation à une pratique hospitalière. Elle peut être utilisée en perfusion, seule ou en association avec d’autres opioïdes, afin d’initier très efficacement et rapidement la prise en charge de l’arthrose avant le retour à domicile. Un relais avec de l’amantadine, disponible sous forme orale, peut être préconisé afin de prolonger les effets à plus long terme. La gabapentine peut aussi être une alternative qui présente peu d’effets secondaire à long terme sur la prise en charge de l’arthrose. Le cannabidiol (un phytocannabinoïde) pourrait également un jour se révéler être un bon complément thérapeutique pour soutenir la mobilité et le bien-être. Néanmoins, la législation française freine actuellement l’usage à large échelle de cette molécule. Attendons, donc, de voir le retour scientifique pour en juger l’utilité réelle !

Arthrose et biothérapies

Récemment, de nouvelles thérapies issues du vivant se développent en médecine vétérinaire pour la prise en charge thérapeutique de l’arthrose. Le plasma enrichi en plaquettes est un produit autologue obtenu par centrifugation sanguine qui peut être injecté dans l’articulation. Il aide à réduire l’inflammation et améliorer la cicatrisation. Son utilisation peut être adjuvante à la prise en charge thérapeutique et soutenir la reprise de la mobilité. Il n’existe pas à ce jour de consensus sur son efficacité, mais son approche simple, rapide, son innocuité et son coût le rendent populaire (et utile). L’injection intra-articulaire de cellules souches mésenchymateuses se révèle également être une technique prometteuse. Il s’agit de cellules multipotentes, dérivées du tissu adipeux, qui ont la capacité de se différencier en chondrocytes. L’action des cellules souches dans l’articulation est avant tout trophique, car seules 10 % d’entre elles se différencient en chondrocytes. Elles enrichissent la composition de la matrice extracellulaire (collagène et glycosaminoglycanes), diminuent la production de cytokines inflammatoires et stimulent la prolifération des chondrocytes. L’objectif n’est pas de régénérer le cartilage lésé mais d’améliorer le confort du chien. Une étude récente, menée durant 4 ans, a évalué l’intérêt à long terme de cette technique. La qualité de vie de 83 % des chiens a été améliorée et peu d’effets secondaires ont été observés au cours de l’étude. Les dernières nouveautés concernent les anticorps monoclonaux (bedinvetmab). Ces derniers visent à limiter la surexpression du facteur de croissance du tissu nerveux (NGF), à l’origine de la douleur neuropathique. Une spécialité médicale injectable contenant ce principe actif a reçu une autorisation de mise sur le marché vétérinaire le 9 septembre dernier. De fortes attentes concernent cette approche.

En conclusion

Dans la gestion de l’arthrose, les traitements antalgiques sont palliatifs et n’ont pas vocation à guérir le chien ou à régénérer le cartilage articulaire. Leur objectif est de contrôler la nociception et d’améliorer la qualité de vie du chien, sans nécessairement améliorer sa boiterie. Ainsi, un chien qui recommencerait à jouer, courir et interagir en promenade avec son propriétaire serait une réussite, même si la boiterie persistait (du fait de la gêne mécanique liée à l’arthrose). La nutrition s’intègre dans cette prise en charge multimodale. La réduction d’une surcharge pondérale est l’un de ses premiers objectifs, car elle apporte une amélioration clinique rapide en cas de difficulté locomotrice.

La pharmacologie, ensuite, fera « le miracle ».

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