Pression artérielle et myocardiopathie dilatée, attention aux idées reçues

« Si la pression artérielle systémique est normale je peux exclure la présence d’une myocardiopathie dilatée, je peux donc anesthésier l’animal sans prendre de risque. »

C’est hélas faux.

Le problème se pose souvent lorsque nous devons anesthésier un chien de grand format, pour la réalisation d’examens complémentaires ou d’une chirurgie. L’auscultation est normale, le chien est un adulte ou un chien âgé et complètement asymptomatique ou qui parfois présente une légère fatigabilité/intolérance qui peut être attribuée aussi bien à une affection cardiaque ou à une pathologie ostéoarticulaire, respiratoire, neurologique… Le problème est d’autant plus important lorsqu’il s’agit des races prédisposées à la myocardiopathie dilatée (MCD), telle que le Doberman, le boxer, le dogue allemand, le Terre Neuve, l’Irish wolfhound ou même le cocker.

Dans ce cas,  on a une tendance à mesurer la pression artérielle systémique pour exclure une atteinte myocardique. Ce concept est erroné. Dans le cas d’une insuffisance cardiaque qui peut être une insuffisance cardiaque de bas débit (comme c’est le cas dans la MCD) ou une insuffisance cardiaque congestive, tous les mécanismes de compensation qui se mettent en place (mécanismes neurohormonaux incluant l’activation du système orthosympathique et le système rénine-angiotensine-aldostérone) ont comme but commun le maintien d’une pression artérielle systémique normale. D’ailleurs, à partir du moment où l’animal devient hypotendu, il est forcément symptomatique et présente un abattement, une intolérance à l’effort, des malaises, des syncopes ou un choc. La mesure de la pression ne permet donc pas d’exclure une MCD. Elle est utile dans le cas d’une MCD avérée pour le suivi et les décisions thérapeutiques, mais ce n’est pas un examen de dépistage. Une échographie cardiaque est l’examen de choix pour le diagnostic d’une hypocontractilité myocardique. Il existe même des cas où l’échographie conventionnelle n’est pas concluante, étant donné que les indices de contractilité sont dépendants de la fréquence cardiaque et que celle-ci peut être basse chez les chiens sportifs. Dans ce cas, nous pouvons faire recours aux techniques ultrasonores avancés tels que le Doppler tissulaire ou l’échographie Speckle tracking qui peuvent nous aider au diagnostic. Il est à noter que certaines races comme le Doberman ou le boxer développent des formes particulières de MCD qui se caractérisent uniquement par des troubles du rythme et non pas par une hypocontractilité dans un premier temps. Ces formes se diagnostiquent à l’examen Holter ECG, qui est un enregistrement ECG sur 24h.

Par le Dr Vassiliki Gouni, spécialiste en cardiologie

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